Au fil de l'autre

Carnet de notes de mes explorations: filage, tissage et teintures
  

Groseilles - essais méthode Rieger

10.4.2019 Retrouvé les photos à usage perso de mes pérégrinations en fermentations à la Rieger janvier 2013, quand j'ai commencé les teintures végétales. Méthode de fermentation vite arrêtée, car très compliquée pour un résultat aléatoire.


La "méthode" Rieger est par ailleurs peu fondée selon mes tests: les couleurs ne sont pas aussi stables que le prétend la fondatrice du mouvement. J'aimais l'idée d'économie en eau et en chauffage et le fait de pouvoir donner une deuxième vie aux déchets de cuisine, avant le compostage. J'ai testé pendant deux mois tout ce qui me tombait sous le main: cueillette sauvage, résidus de cuisine ou de potager, etc. Je suis heureuse d'avoir fait le test, j'adore explorer. Mais cela reste un souvenir. Pas efficace, pas reproductible. Voir le principe ci-dessous.

Je prends l'exemple des groseilles, dont j'ai encore des photos. Pour le reste, je n'ai plus que les échantillons dans un cahier.

Mes tests à base de résidus de groseilles après que j'ai extrait le jus au Jazz Max.

broyat résiduel après extraction du jus dont je fais des gelées: au lieu de le jeter au compost, je le mets en fermentation à la Rieger pour évaluer la couleur. La photo avait été utilisée lors de mes tests comparatifs de deux machines (nous sommes importateurs). J'ai utilisé bien plus de broyat que ce que l'on ne voit sur la photo.




novembre 2012: broyat de groseilles en fermentation, après 3 bains acides et alcalins sur 3 jours - sur coton, papier, soie


après lavage


déc 2012: après macération 15 jours. Je n'ai pas de photo après lavage et expo couleurs, mais ça n'a pas tenu. Pas de surprise. Tous ces beaux tons sont passés


sur papier aquarelle trempé en partie + sur lanière de cuir: ce dernier n'a pas aimé du tout l'alternance des bains, il est devenu très dur. Tu m'étonnes!

 


J'avais testé toute une série de produits de la cuisine. Résultats sympas au début, mais tristounets au final. J'utilise désormais les macérations alcalines, bien plus probantes (aussi à froid et sans surveillance).

 

J'ai bien sûr adapté la méthode originale. J'ai suivi la méthode de fermentation Rieger dans la mesure où :

  • j'ai des bains froids, dans lesquels j'ai fait macérer le solide quelques jours avant de le rassembler en nouet
  • j'acidifie ces bains dès le départ à un pH de 4 (sauf pour les plantes qui ont besoin de macérations basiques, adaptez le texte qui suit à "basique" selon le cas, comme racine de rumex)
  • je mordance les cellulosiques à l’acétate d’alumine avant fermentation. Ne le dites pas aux puristes. Il faut un début à tout et je commence par le plus difficile, je crois (le coton).
  • j'ai une cuve commune à pH 10, une autre à pH 12 (eau de cendres - je n'utilise pas les bains basiques individuels de la méthode Anne Rieger);
  • j'y trempe les fibres le temps qu'il faut pour que la couleur monte (parfois je sors et je baigne en alcalin pendant cinq minutes, sans rincer, sans sécher - grosse différence avec les fermentations; parfois je laisse simplement 7 jours dans le bain acide en foulonnant de temps en temps);
  • je continue malgré le froid belge (comme mes 7°C en hiver à l'atelier alors qu'en fermentations puristes, il faut 20°C min);
  • je contrôle le pH quand nécessaire avec de la macération d'agrumes ou avec du vinaigre (interdit en fermentations)
  • je m'autorise des post-bains de modifieurs (sulfate de fer par exemple; pratique interdite en fermentations)
  • j'utilise parfois une partie de ces bains pour un bouillon (pour les tissus) après les avoir ramenés à un pH de 7; je les appelle alors Extraction Liquide Acide ou Basique

    abréviation dans mes notes: ELA ou ELB

Technique bien pratique: je peux improviser une séance de teintures quand je le sens; je ne contrôle les pH que quand je le sens, car jusqu'ici quand le récipient est bien fermé, ça tend plutôt vers l'acide que vers le retour au neutre; je peux utiliser le bain de macération comme bain de bouillon; je peux oublier une fibre dans le bain sans souci. Elle sera simplement plus foncée. 

Mordançage?

En 2012, j'ai procédé à une série de tests de préparation du tissu avant macération. Je n'avais pas vérifié l'énoncé qui semble universel chez toutes les fermenteuses, énoncé selon lequel le coton prend mal les couleurs dans cette technique. Coincée, Mamzelle Faraday qui prétend tout vérifier...

Peut être est-ce avéré pour le coton en fil, bio, non traité? Mais il doit y avoir quelque chose dans les tissus du commerce qui fait qu'ils se comportent comme s'ils étaient mordancés.

Peut être mon traitement de nettoyage radical (savon de marseille et cristaux de soude, très alcalin) a fait mordançage. Ben non, car j'ai testé une autre sorte de coton: des chutes d'une doublure des nouveaux rideaux du salon; écru; pur coton; non bio (Chien Vert); lavés machine une seule fois. Non mordancé non plus et non nettoyé aux cristaux de soude. Ce nouveau test me donne les mêmes résultats que le  coton dentellé/mercerisé des tests précédents ou que le coton solidement décati: belle prise de couleur. Le lin de l'arrière grand père d'Alex, décati récemment, préparé par bain de lait ou de blanc d'oeuf, a bien pris les couleurs dans les cuves de macérations, mais pas plus que la version alunée.

Selon Michel Garcia, le bain acide va décomposer l'alun; il ne sert à rien d'aluner les fibres avant macération. Je vois pourtant des différences nettes? Bof, pour ce que ça me coûte et le temps que ça prend (je le fais à froid, ça coûte trois francs six sous et ça dure 5 minutes), je continue à tout acétataluner avant réalisations. ça me facilite la tâche. Peut-être que l'acidité relargue l'alun dans le bain -> il fait son effet tout de même? Ah! que de questions, j'adore ça.

Plus tard: la solution serait peut-être de commencer par un bain alcalin? Mais c'est ce que je fais puisque je trempe dans une lessive de cendres n'importe quelle fibre que j'ai acétatalunée avant.

Voir l'interview de Michel Garcia sur le sujet, qui a mis fin à mes doutes: j'abandonne cette piste, si aléatoire.


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