Au fil de l'autre

Carnet de notes de mes explorations: filage, tissage et teintures
  

Extractions alcalines: le cas du coton

12.12.2015 Pour l'instant, je teste la teinture du coton et du lin en extractions alcalines à la Jenny Dean.

Voir le billet de départ Bains alcalins à la Jenny Dean

J'ai depuis plusieurs semaines des seaux qui marinent avec diverses plantes (en nouet) dans de l'eau du robinet basifiée à un pH de 10 à l'aide de soude. J'ai publié les résultats sur laine et soie, mordancées à 8% alun et 4% crème de tartre. Jenny Dean ne mordance pas nécessairement, puisqu'elle cherche à reproduire les gestes de ses ancêtres celtes; mais je préfère commencer par cela: tout le monde au mordançage et hop!

Le seul défaut de l'alun est que la couleur semblerait moins durable (lumière/lavage) qu'avec du fer/cuivre (voir les tests officiels sur internet), des techniques comme les monobains acides ou le symplocos (info orale, par Michel Garcia, selon ses tests propres). Son défaut n'est PAS qu'il serait toxique (l'alun, pas Garcia). Lire L'alun toxique en mordançage? On aura tout entendu...

Ce serait pas mal que ça fonctionne pour le coton/lin:

1/ je ne dois pas rester à côté du fait-tout, je dépose l'écheveau et je le laisse mariner une nuit; c'est bien pratique pour les hyperactifs à multiples activités comme Bibi.
Bouillon classique: que pourrais-je bien faire quand j'attends une heure que ça cuise? Ranger la pièce? Non mais allo quoi...

2/ le coton adddddore les milieux très basiques, ça devrait lui convenir; imaginez que c'est comme s'il souriait et ouvrait les fibrilles dans cet état, pour que la couleur pénètre mieux.
D'ailleurs c'est ainsi qu'on a découvert comment obtenir de belles couleurs sur coton (un abbé dont je n'ai plus le nom, avant le XIXe): combiner l'alun avec une belle dose de soude.

3/ MAIS le coton ne prend pas aussi vite la couleur que mesdemoiselles laine et soie; généralement il faut un vrai bouillon pour ce petit monsieur. Ou un semi-bouillon (amorcé à 80°C puis gardé chaud, sans même le système de marmite norvégienne).

Voyons voir si en macération alcaline, peu testée, le coton ne prendrait pas bien.

Go!

Avant-hier, j'ai donc procédé en série avec cinq pelotes de coton blanc, achetées en brocante sociale à Nivelles (Le bric, ils n'ont jamais assez de pub!):


ce n'est que dans les livres de teinture que l'environnement est nickel comme une clinique... près l'incendie au grenier, j'ai dû migrer dans la buanderie en sous-sol - mais c'est pas une excuse: la casserole est dans cet état là... achetée en brocante, elle était pas vaillante; avec mes teintures, ça s'est pas amélioré... mais c'est le résultat qui compte n'est-ce pas?
  • je les ai trempés 2 heures dans 10 litres d'eau bouillante du robinet, avec 1 cuill. s. de savon de marseille liquide et 2 cuill. s. de cristaux de soude
    (j'aurais dû "cuire", mais je n'ai plus de plaques chauffantes à l'atelier)
    tout blancs qu'ils étaient au départ, ils ont produit une eau brunâtre... (les apprêts)
    voir NB1.
  • je les ai rincés et trempés cinq minutes, en les malaxant, dans deux litres de solution maison d'acétate d'alun à la Garcia que j'ai faite sur le pouce
  • j'ai bien essoré, sans rincer; et fait sécher
    automne belge, ça prend presque deux jours en buanderie - je pourrais les faire sécher au four ménager entr'ouvert, à 50°C; mais l'odeur acétique qu'ils dégagent incommoderait toute la famille
  • NB1. Deux écheveaux n'ont pas été décatis de la sorte: un bouclé coton a trempé deux jours dans un bain d'EM; un blanc mercerisé n'a pas été lavé du tout.

    Tests lumière dans deux mois.

    Une semaine après: mes tests sur coton sont assez tristes, en extractions alcalines. Pourtant j'avais obtenu de belles couleurs lors de mes premiers essais de la méthode Rieger. Faudrait-il donc en passer par l'alternance? Ce qui ferait comme pour le carthame: forcer le précipité à entrer dans la fibre par un saut dans l'acide?


    C'est le même tuyau (achat brico professionnel; on le découpe à mesure soi-même) que j'utilise pour les teintures en cuve indigo organique. On doit trouver un système pour la fibre ne touche pas le fond, riche en chaux, qui pourrait gâter la matière. Je cale le tuyau sur les bords de la cuve, un peu couché: la fibre est immergée, mais ne touche pas le fond.

    Quand je fais des petits tests de quelques centimètres ou grammes (ici: bourdaine en extraction alcaline puis indigo), j'utilise un bout de plastique trouvé en rue. Il doit provenir d'un jouet pour enfant. Bien pratique, le cercle du dessus me permet de l'accrocher au bord de la cuve.




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