Au fil de l'autre

Carnet de notes de mes explorations: filage, tissage et teintures
  

Nouvelle cuve d'indigo (hydrosulfite)

23.1 Après un an de calme en teintures végétales, je me fais plaisir avec mon chouchou: l'indigo.


Je relance une vieille cuve organique 123 qui dort depuis un an. Je n'en attends pas des masses car j'ai le souvenir qu'elle était presque épuisée. En atelier pro, on ne procéderait certainement pas ainsi car je vais perdre du temps, de la chauffe et des produits pour la relancer. Mais je suis en mode hobby.

J'amorce aussi une cuve à l'hydrosulfite, dans un autre grand seau.

Les deux cuves sont dans des seaux classiques de 10 litres. Je les réchauffe à l'aide d'une résistance amovible (thermoplongeur), en contrôlant la température avec un thermomètre à sonde. Je ne veux pas dépasser 50°C, c'est un classique, mais je ne veux pas teindre à froid.

J'ai déjà teint à froid, mais dans une cuve organique 123. Mes tests de résistance à la lumière et au lavage (niveau amateur) donnaient un très bon résultat, alors que le bleu des fibres teintes en cuve hydrosulfite passait à la lumière.

Va t'en comprendre.

Maintenant que j'ai acheté la résistance, qu'est-ce que ça me coûte d'attendre les quelques minutes de chauffe? Cela me permet de répondre aux critères de qualité que Michel Garcia a développés.

Idéalement, je devrais amorcer d'ailleurs deux cuves, si pas trois, vu que je teindrai de la laine et associés (mohair et autres poils - pH 9), de la soie (pH 10) et du coton (pH 11).

A nouveau, contexte: je suis en mode hobby, je vendrai certes les écharpes tissées avec les fils teints, mais je les aurai lavés soigneusement au sortir de la cuve pour m'assurer de la stabilité.

Relance de l'ancienne cuve

  1. je vérifie d'abord le pH, je corrige à l'aide de cristaux de soude (NB: fortement déconseillé par Garcia, il faudrait de la chaux)
  2. je réchauffe jusque 45°C, pour que ça réduise déjà un peu
  3. je plonge une cuiller en céramique blanche et j'évalue la couleur: bien bleu, donc peu réduit puisque je vois encore tous les grains d'indigo -> j'ajoute du réducteur
  4. je tournicote délicatement (c'est une ancienne cuve organique 123, il y a plein de dépot de chaux dans le fond)
  5. je laisse travailler une heure et je réévalue, je tournicote s'il le faut
  6. j'attends aussi la mousse et la pellicule cuivrée

A ce stade il est inutile d'essayer de plonger de la fibre: tant que la cuve n'a pas atteint tous les critères, je perdrai tout l'indigo lorsque je rincerai. Quel gaspillage!

Amorce de la nouvelle cuve hydrosulfite

  1. Dans un bocal de récup', je verse de l'eau très chaude telle qu'elle sort du robinet et des cristaux de soude, que je laisse fondre. Quantités voir le fichier de départ
  2. Dans un grand wek, dans 2 litres d'eau très chaude robinet (50°C), je verse une pâte d'indigo. Je tournicote pour amalgamer en pâte, sans grumeaux. On peut secouer, couvercle fermé, avec des billes dans le bocal, comme nous l'a appris Michel Garcia, mais voilà j'ai tout rangé et je ne retrouve évidemment plus les billes.
    J'ajoute de l'hydrosulfite, puis l'eau de soude. Je laisse réduire. Dès que j'ai les trois critères, je passe à la grande cuve.
  3. Dans un grand seau, je verse +- 10 litres d'eau chaude telle qu'elle sort du robinet, ce qui fait chez moi +-50°C.
  4. J'ajoute cristaux de soude et hydrosulfite
  5. J'y déverse délicatement le contenu du premier bocal (j'enfonce le bocal et je le laisse se déverser).Je tournicote, je couvre et j'attends.
  6. Une heure après, la cuve est prête. Enfin, elle commence à se préparer. Elle n'est pas vraiment mûre selon les termes des pros: le liquide est translucide, jaune-verdâtre, mais je n'ai pas encore de pellicule cuivrée ni de mousse.
  7. J'attends donc le lendemain. A mon expérience, il faut que la réaction se fasse bien à chaud pour ce départ de cuve: à 30°C, la pellicule cuivrée arrive bien trop tard à mon goût. Donc: 50°C ce sera et voilà.

    Je commence à teindre selon mon procédé habituel: je trempe d'abord l'écheveau ou la toison dans un seau d'eau chaude où j'ai versé une goutte de liquide vaisselle (agent mouillant), afin que l'indigo pénètre bien jusqu'au coeur de l'écheveau. C'est en particulier utile pour des rubans de mohair que j'ai achetés en commerce, très denses. Sans ce trempage, l'indigo ne teint que l'extérieur du rouleau.

    J'ai aussi toujours sous la main deux autres seaux:

    • A. un seau d'eau chaude pour y tremper les fibres après le bain d'indigo, ce qui permet d'accélérer l'oxydation et élimine l'indigo mal fixé (qui sera encore traité par un bain très chaud au savon de Marseille ensuite)
    • B. un seau d'eau chaude acidifiée, pour y tremper les fibres bleuies qui ont déjà oxydé et qui sèchent pour utilisation finale; je n'acidifie pas si je combine avec une autre couleur.

    Pour la chauffe permanente, j'achèterais bien une couverture chauffante pour seau comme j'en ai vu chez Catharine Ellis. Jusqu'ici mon thermoplongeant suffit.

    Pourquoi l'hydrosulfite?

    Parce que c'était lui, parce que c'était moi. Blague à part, parce que j'en avais sous la main... Parce que je compte teindre du papier japonais que j'ai fabriqué et que la cuve 123 ne donne pas de beaux bleus sur papier... Parce que je n'ai toujours pas appris les fermentations d'indigo... Parce que cette cuve me donne des bleus très profonds... ..... Parce que j'en ai marre du fond de cuve plein de chaux, dans ma procédure 123...

    Faut-il vraiment dire pourquoi? En fait le pot d'hydrosulfite était sur la table et je me souviens sans note des proportions...

    Le seul défaut à mes yeux: mon atelier est en sous-sol, sans fenêtre, et si je teins plus de 20 minutes je suis indisposée, j'ai mal de tête.

    Recyclage: selon mes souvenirs de stage chez Michel Garcia, lorsque la cuve est épuisée, l'hydrosulfite est transformé en version anodine, qu'on peut jeter au jardin. Je dois encore lui demander le processus.

    C'est trop chimique? Les copines me font rire, qui utilisent des cristaux de soude pour leur ménage... ils ne seraient pas "chimiques"? Et la chaux, c'est pas de la chimie?

    Ce sont les mêmes copines qui vont teindre la laine aux teintures alimentaires, croyant ces dernières moins toxiques que les teintures Rit. Elles sont moins dosées, mais elles sont très similaires dans leur essence. L'intérêt? Si je teignais en non-végétal, je n'hésiterais pas une seconde: teintures Greener shades, Ashford, Rit, etc. soit tous des colorants azo non?

    Quelques photos de résultats ces 3 jours:

    série 23.1.2022

    mohair - laine/soie et mohair préfil célibataire en indigo (HS)

    BFL indigo

    BFL indigo/ fin de cochenille - indigo seul - gaude (retordu sur soie)

indigo sur cotons de Peggy (récup' faillite) - à pH 9- voir la tenue lumière

chevreau mohair/soie (Ferme du Mormal), teint en gaude et indigo pour le vert d'eau - gauche haut: le même en fin de bain garance/fin d'orcanette avec galles et fer

BFL droite en navajo: indigo et bois jaune -- gauche idem avec indigo long

Mon principe de note sur tyvek, au marqueur indélébile, ce qui résiste à de longs bouillons. Dès que je lave l'écheveau, je coupe un coin. Dès que je le mordance, je coupe l'autre coin. C'est ainsi que je peux repérer quels écheveaux sont lavés ou mordancés.

laine/soie de chez Wollknoll - pelotes de 50g, 130m, garance, cochenille, bois jaune fin de bain, indigo cochenille (fin de bain et premier bain), indigo

BFL cochenille indigo cochenille



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