J'ai exposé dans le billet précédent comment laver les toisons brutes par fermentation.
On se doute que la fermentation et les saletés génèrent de fortes odeurs. En froide Belgique (et en ville!), c'est peu praticable. Mais je pense qu'on tient une solution, si on lave la toison à l'aide d'agents fermentants dociles: les EM, qui sont une invention japonaise importée depuis peu chez nous.
J'ai découvert ces EM, alias les "micro organismes efficaces", en aidant ma soeur à refaire son site internet. Elle en vend, je vous invite à y découvrir les EM et leur principe de fonctionnement.
Si cela n'avait été pour ma soeurette dont je suis si proche, je ne me serais pas préoccupée de cette nouvelle technologie, car elle tient plus de la permaculture que de la biodynamie. Dans ce dernier système, qui me tient à coeur, on n'importe pas d'organismes ou de matières étrangers (ce qui est le cas des EMs ou des fumures), mais on développe une harmonie des forces subtiles telle que le sol, les végétaux, les animaux organisent leur petit microcosme très local.
Grâce à elle, j'ai chez moi du Wipe&Clean (nettoyant ménager à base d'EM) et un seau de bokashi (une forme de compost de cuisine), qui génère un percolat très riche en EM (voir mon billet sur un autre blog). On peut utiliser l'un et l'autre pour "laver" les tissus; pourquoi pas la toison?
NB. Attention! Ce n'est pas du compost ordinaire, ne lavez pas les toisons avec du jus de compost ordinaire....
J'ai procédé à un premier test, je suis en train de vérifier ces premiers résultats. Sans plaque de chauffe et sans machine à laver. A l'aide d'eau du robinet.
J'ai pris 150g de toison de mouton Entre Sambre et Meuse, brute, telle que tondue, mais triée.
J'ai trempé une nuit dans de l'eau froide.
J'ai ensuite divisé en 3 * 50g et "lavé" dans 3 solutions:
Au sortir du lavage, les trois échantillons ont l'air propre. J'ai frottouillé un peu les pointes de boucles, pour diluer les saletés.
Avoir " l'air propre" ne veut rien dire pour les toisons. Le grand test viendra au moment de teindre et de laver: si la toison est encore sale, la teinture sera irrégulière; si elle est encore grasse, la teinture prendra sur le gras et disparaîtra au prochain lavage.
photo arrive
Mes premiers tests, alunés et teints en extrait de lac, puis relavés au savon:
la toison lavée savon et la toison lavée EM ont pris la teinture de même ton; la toison lavée dans l'eau vinaigrée (solution 3) est à 50% de la valeur de ses soeurs. Exit la solution 3. Le prochain test ne sera que sur solu1 et solu2.
Le tout grand avantage des EM dans ce cas-ci: on ne doit pas rincer après lavage. Si cette technique est efficace, je diminue sérieusement ma consommation d'eau et d'électricité (puisque je ne dois pas chauffer l'eau pour les EM)
Entretemps, j'ai cherché des camarades lavage EM/toison et j'ai trouvé un article : A New (yet Ancient) Way to Clean a Fleece. Jennifer Adair, qui a développé ce concept de BioFiberSoak détaille comment produire chez soi en dix jours le mélange EM. C'est une longue procédure, cela peut en décourager plus d'une.
Je trouve plus simple de l'acheter tout fait (en Wipe & Clean) ou d'utiliser celui qui sort d'un seau de bokashi. Drôle, hein? Utiliser du jus de compost pour nettoyer! Qui y aurait pensé?
Bientôt, je publierai les résultats de mes tests suivants. Désormais j'utilise le jus de bokashi que je trouve plus efficace (et moins cher!) que le Wipe& Clean pour cette utilisation. Efficacité à vérifier.
Ils en ont du boulot pour l'instant, ces petits lutins microscopiques: je trempe tout ce qui bouge dans le seau d'eau nourri d'EMs...
NB décembre. J'ai continué à laver les toisons et les laines aux EMs (au jus de mon bokashi: 100ml pour un seau de 10 litres, couvert, additionné de vinaigre car les EMs aiment le pH acide). Mes remarques:
1/ ne pas garder le bain plus de dix jours (BE, automne, froid -> en été?), ça va sentir trop fort sauf si vous travaillez à l'extérieur et loin de la maison.
2/ bizarre que ça fonctionne puisque ces organismes aiment plutôt les sucres, pas les graisses;