Selon Carol Leigh, spécialiste du phytolaque (voir le résumé de sa technique), la teinture de baies n'est pas durable sur les fibres si elles ont été mordancées avec du minéral (comme l'alun). Elle ne se l'explique pas (tout comme reste un mystère pour elle le fait que l'ajout de cuivre les transforme en beige dense).
J'ai malgré tout testé hier (adaptée en quasi froid) avec de la laine alunée (sans crème de tartre) et des cotons acétatalunés (dont je ne trouve déjà plus les petits échantillons, voilà ce que c'est que d'être radine en tissus, à 5cm2, ça se perd vite).
Je suis impatiente de trouver des sources de phytolaque, qui donne de superbes couleurs magenta, fuschia, framboise. Mais le site de repérage des plantes indigènes belges (phytolaque: envahissante sauvage) n'en trouve que très loin de chez moi. Il y en a plein dans la forêt de Fontainebleau, paraît-il, j'irai en cueillir lors de ma prochaine descente vers Paris.
Bientôt, je la testerai aussi avec du coton et de la soie NON mordancés au minéral - toujours "à froid". Fin octobre (ou fin septembre, vu que la saison a été si précoce), je devrais trouver du phytolaque... Je publierai les résultats sur cette page-ci.
Quasi froid : ce sont mes "macérations acides" - j'extrais le jus dans un seau, à température ambiante, dans une eau très acidifiée, avec un demi petit verre d'éthanol. Je peux ainsi garder ces petites cuves aussi longtemps que les teintures solaires.
Défaut: n'y teindre que des fils de lin ou de la laine, car les tissus devraient être remués trop souvent (ils sortent bringés).Selon Rita Buchanan, les bains de teinture contenant de l'alcool produisent de moins belles couleurs. C'est le moment de vérifier, car je ne vois vraiment pas pourquoi, sauf si le testeur a teint trop tôt, leurré par la production rapide de couleur grâce à l'éthanol.
Raison d'être de cette obsession à produire une couleur avec des sources colorantes réputées fugaces par tous les experts actuels? La constitution américaine a été écrite avec de l'encre à base de phytolaque, elle est toujours parfaitement lisible. Il faut croire que depuis la fin du 18ème siècle, un processus s'est perdu. Serait-ce la macération à froid? Les teinturiers d'aujourd'hui cuisent systématiquement 1h à 80 ou 90°C pour extraire la couleur.
Sur le blog de JD: de nombreuses sources historiques référencent la teinture à base de prunes bleues (damsons en anglais). Ses essais à base des peaux de 20 kilos de prunes fraîchement récoltées furent décevants (photo sur http://www.jennydean.co.uk/index.php/dyeing-with-damsons). Cela lui semble incompréhensble. Peut-être pas si nous avons perdu un procédé au passage… Cela pourrait être la fermentation/macération à froid, le mordançage à l'acide ou à l'alun végétal et non minéral, cela pourrait être une autre forme de préparation de la fibre… Qui sait ?
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photo du blog de Jenny Dean: peaux de prunes bleues 1/1 sur écheveaux de coton, lin, soie, laine (haut vers le bas); en quatre modifieurs, en partant du haut droite: acide, basique, cuivre, fer
noter le vert sur laine par basique, quasi identique à celui qu'on obtient aux baies de sureau
Si je peux reproduire les résultats de Carol Leigh, on aurait une procédure pour toutes les sources d'anthocyanes, réputées si fugaces: moût de raisins après la vinification, toutes les baies comme mûres & Cie, rose trémière, etc.