Au fil de l'autre

Carnet de notes de mes explorations: filage, tissage et teintures
  

Retour à l'atelier: garance cordifolia

11.1 Retour à l'atelier, édition 4. Je teins en garance en monobain à la Michel Garcia, ainsi qu'en alunage fort selon le dernier livre de Dominique Cardon, en essai (Le cahier de couleurs de Janot).





Garance en monobain acide (MB)

Je teindrai aujourd’hui  en monobain acide selon le principe redécouvert par Michel Garcia ( avec noix de galles).

Recette de base de michel garcia - % versus PTS:
10% acide citrique
10% acide gallique (bien plus de galles entières?)
ou, à défaut, 20% de thé noir (j'imagine qu'une infusette d'1.2 grammes garde 0.3g de principes actifs -> 30 *0.3g = 9 à 10g, ce qui fait 20% du poids de la fibre sèche)

Voir mes tests de 2015, photographiés en septembre 2018 : Echantillons de teintures naturelles

Je passe à la garance classique rubia tinctorum, qui serait plus riche en pigments alizarine. Je la prépare comme ce que je fais depuis quelques années : je mélange la garance dans de l’eau froide/tiède, je filtre en pressant au maximum ; je répète trois fois ; je garde l’eau de filtrage des trois extractions. Je garde le sec dans un bas nylon de récup'.

Stades 1 à 5. Dans sa vidéo nr 3, MG procède de manière un peu similaire avec de la garance en poudre, pour en extraire le pigment carmin.

  1. Il mixe 200g de poudre avec de l'eau froide jusqu'à une texture de boue
  2. Il filtre dans une étamine en pressant au maximum
  3. Il le refait trois fois ; l'eau contient les bruns orangés 

    Si je suis sa procédure, ce sera drôlement plus rapide que la technique de Carol Leigh

  4. Il récupére ce jus multiple, il y ajoute 10% acide citrique et 10% tannins PTS
  5. Il y cuit la laine pendant 45 minutes pour un résultat bien dense (mais orangé puisqu'acide)
  6. Il reste dans la pulpe de l'étamine le pigment carmin. Il en tire le pigment - voir page ad hoc.

 

 

Je commence à 70% PTS (Catherine Ellis et d’autres teignent à 200% PTS) : 70g dans un nouet,  dans 5 litres d’eau chaude de ville à 45°C au départ -> 65°C (en 30 minutes). J’y dépose les écheveaux  de laine  (100g en tout – laine alpaga suri filée main, mohair de France/soie,  laine grise de gotland pour voir le ton, un peu de soie maulbère en ruban). Donc 70% PTS. Je ne laisse pas monter plus haut que 65°C. Je couvre, j’éteins et j’attends.

Le lendemain, résultat orangé, bain acide oblige. J’alcalinise le bain à la soude ; et remets les fibres à froid pendant 15 minutes. Résultat : orangé plus rouge, plus chaud, mais toujours très orangé. Distraction : c’était de la cordifolia, orangée par essence ! Le bain de soude est donc inutile. Curieuse de voir ce que la surteinture en indigo donnera : de beaux grenats, je gage.

Garance et alun/crème de tartre

Bain d’eau chaude (de ville)  -> 65°C, 70g de garance cordifolia dans un nouet, séparé des laines par une assiette ébréchée.

Je prépare un mordançage à 24% d’alun pour la garance et 8% de crème de tartre,  comme je viens de le lire dans le Cahier de couleurs de Janot, par Dominique Cardon (chapitre « garance ») : eau déminéralisée montée à +- 60°C, 25g d’alun et 8g de CT. Abréviation : A24-8.

Un écheveau de chevreau/soie de 25g est tombé de son fil à linge dans ce bain tiède de mordançage pendant qu’il chauffait: le pauvre il vient de recevoir 100% d'alun !

J’ajoute 100g de chevreau/soie, soit 4 écheveaux. Je laisse  30 minutes à 65°C.

Théoriquement, je devrais laisser l’alun maturer sur la fibre encore humide pendant quelques jours. Théoriquement, je devrais rincer la laine avant teinture, pour éliminer le trop-plein d’alun. Ouh la théorie… qu’elle est jolie...

Dans les faits, je suis trop tentée par le bain de garance que j’ai sous les yeux : allez zoup, tout le monde directement dans le bain de garance cordifolia.

Si du colorant a précipité à cause de l’alun en excès, je le récupérerai en produisant du pigment en fin de bain. Raisonnement correct? Millième question à poser à Michel Garcia un jour, quand je prendrai une heure de consultance avec lui en ligne.

Les écheveaux chevreaux/soie, mordancés à 24%, sont déposés en même temps dans le bain, mais prennent des tons différents.

A.   J’en ajoute un en cours de route, il sort plus clair. Je modulerai son ton orangé dans le reste de bain de campêche : au lieu de tirer vers les bruns, ce que j’aurais imaginé (orange et bleu violet donnerait brun), le ton vire plus rosé. Va-t-en comprendre. Alors que le bain de campêche est de pH neutre;

B. Un écheveau chevreau/soie est resté dans le bain de mordant A24-8. Fausse manœuvre (encore une !), un peu de teinture du bain de garance y tombe pendant que j’essore. J’oublie le bain. Le lendemain : l’écheveau est d’un beau coq de roche doux, une merveille. Avec si peu de teinture !

 

Tout à gauche: le coq de roche doux. Puis les échevaux de chevreau/soie en garance cordifolia A25-8 . A droite, les chevreau/soie A25-8 en cochenille 15-20%

 

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