J'amorce un petit jardin tinctorial conjoint à un potager. En biodynamie, ascendant permaculture. Dossier Petit à petit l'oiseau fait son nid, page3
Aujourd'hui: faut-il faire des buttes systématiquement quand on permaculte?
Quand j'ai amorcé mon premier jardin potager vers 1998, si éphémère hélas (pour cause de revente du terrain), j'ai pu mettre en pratique ce que j'avais appris lors de mes séjours dans les Cévennes vers 1995-1997 - savoir consolidé par la lecteur du livre de Bill Mollison. Je n'ai pas le souvenir qu'il y parlait de buttes, mais chez mon ami Pierre le cévenol, il n'était question que de butter le potager pour les diverses raisons qui sont exposées en long et en large sur le ouaibe. Et que je me garderais bien de répéter, dieu me préserve de la psittacose.
La base du concept, extraite du site terre-jumanisme.org (l'agroécologie à taille humaine): La butte augmente la surface de contact entre l’air et le sol, facilitant l’oxygénation favorable aux multiples micro-organismes. Elle maintient également la structure du sol (l’eau de pluie excédentaire ruisselle dans les allées et n’asphyxie pas le sol). Les racines s’épanouissent en profondeur pour trouver eau et nutriments. Ces conditions garantissent une bonne santé des plantes et les rendements suivent de concert.
Je fis quelques buttes dans mon jeune potager, avec toute l'énergie qui me restait pendant cette passe d'épuisement chronique. Aujourd'hui je sais que j'avais réalisé une butte-sandwich à la Morez (voir ici, par exemple).
J'avais retenu l'utilité de chauffer la terre par la fermentation au sein de la butte. J'étais attirée aussi par les moindres efforts physiques que cela me demanderait vu la hauteur de jardinage. Je n'avais alors pas pris conscience de l'utilité foncière de la butte, je pense que j'ai un peu donné dans la pensée magique. Mais bon voilà... J'adore explorer, c'était une exploration de nouveautés. Le terrain était méga argileux, quasi de la glaise à modeler. Le jardin fut vite prospère, en effet.
Ce que je n'avais pas compris: la butte ne s'impose que si le sol est trop compact ou trop stérile. Ce qui n'est pas le cas dans mon nouveau potager.
La technique de hugelkultur a été médiatisée par un autrichien, Sepp Holzer, qui cultive à plus de 1000 mètres d'altitude, au sein d'une forêt de pin très acide, selon une variation de techniques ancestrales du crû. Je ne suis pas limitée par un tel froid et un tel sol.
Image du site www.lescomptoirsmitoyens.com
La technique de la butte-sandwich a été formalisée par le Français Robert Morez, "dans des contextes de terres très ingrates et dans les climats ou les sècheresses sont monnaie courante".
Image du site www.lescomptoirsmitoyens.com
Les buttes sont une élaboration des billons agricoles à l'ancienne, j'imagine. Elles permettent une forme de culture intensive, j'ai appris dans une vidéo de la Ferme du Bec Helouin que les maraîchers parisiens pratiquaient une forme de butte en permaculture au XIXè. Et on croit s'inspirer des Australiens. Hihi.
Si la butte te rebutte...
Je ne comprends que maintenant que la nature a été gentille avec moi à l'époque, car je n'avais pas compris la philosophie du sol, de l'oxygénation, de l'enfouissement ou non de bois mort (pas de BRF, qu'on ne connaissait pas à l'époque) - bref, j'ai fonctionné un peu à l'instinct. La construction d'une butte demande des connaissances techniques fines et je ne suis ni agrobiologiste ni agroécologiste. On peut bloquer un sol au lieu de l'agrader en buttant. Je ferai plus simple: une forme de compost sur place pendant l'automne et l'hiver, où j'alternerai les couches de 1/3 d'azoté (fumier frais des ânes voisins, compost ménager) et 2/3 de carboné (cartons, feuilles, paille). Ceq que j'appellerai mes "lasagnes de départ".
Si la butte vous rebutte, il reste la lasagne, ce que j'ai choisi pour une partie de mon potager.
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