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19.7.2025 Récapitulatif de mes teintures à la cochenille
A ce jour, cette très longue et lourde page récapitulative inclut tous les brouillons depuis 2014, mais il manque des liens, des photos, des bouts de phrase. Bientôt, elle sera finalisée et structurée en un pdf interactif, le fascicule nr 8 de Slow-dye: teintures naturelles pour les curieuses et les flemmardes
De nombreux sites partagent des infos sur les teintures, mais ils sont souvent en anglais. Exemple du manuel de teintures chez Maiwa. Si vous êtes unilingue français, pour faire traduire un pdf, gratuitement, je ne connais que https://translate.google.com/?sl=en&tl=fr&op=translate: cliquer "documents", uploadez votre fichier pdf en anglais. Le résultat arrive en quelques secondes.
Au début de mes pérégrinations, mon travail se concentrait sur les produits à récolter dans l'environnement immédiat "dans mon jardin, dans ma rue, chez mon épicier...". Cochenilles et autres sources animales de rouge: je voyais pas vraiment comment "cueillir" près de chez moi. Près de chez mes copines dans le Sud de la France, j'aurais pu il y a quarante ans cueillir les kermès sur les chênes, mais ils sont en extinction, pas moyen de les récolter.
Evolution classique: je me suis fatiguée de glaner et d'obtenir des couleurs aléatoires, parfois fugaces. Je suis donc passée à la teinture à base de cochenilles, pour sa luminosité extraordinaire.
Si j'utilise des cochenilles entières , je dose à 10% PDF. Au début, j'ai fait des essais à 20% PDF, le ton est à peine plus soutenu. Au prix de la cochenille aujourd'hui (2025: >20€ les 100g), on vise la modération. Un écheveau de 100g de laine = 2€ environ pour un ton rose fuchsia soutenu, la moitié pour une version douce. Si j'emploie de l'extrait de cochenille: 2 à 5%, selon le désir d'un ton doux à ton soutenu. Vu le prix (2025 = > 65€/100g), la teinture d'un écheveau de 100g de laine me coûte plus cher qu'en cochenilles entières (+-3€). De toute façon, je préfère travailler avec les produits bruts. Je répète donc: je ne donne pas d'info sur les extraits, aussi pratiques et excellents qu'ils puissent être.
Si je reçois les cochenilles entières, je les broye avant d'extraire (au petit blender, à l'Omniblend - au mortier pour celles qui n'ont pas ces matériels). je les garde dans un nouet si je teins, parce que des dépôts graisseux des insectes peuvent abîmer la fibre
Tous les écheveaux laine/soie sont mordancés à l'alun (10 - 20 % PDF selon mon inspiration), parfois crème de tartre (3 - 6% PDF ). Ils ont maturé à l'atelier pendant quelques jours après alunage. Juste avant de teindre, je les rince pour éliminer le trop plein d'alun, qui contaminerait le bain. Le coton et le lin sont mordancés en AA. juste avant le bain, je les neutralise dans un bain avec 1g de percarbonate de soude par litre.
Je teins avec de l'eau douce. Du temps de notre eau calcaire, je récupérais l'eau du séchoir pour avoir une eau déminéralisée pas chère. Désormais, on a un adoucisseur. J'utilise l'eau de distribution adoucie. Tester selon son eau d'atelier est crucial. Par exemple, lors d'un stage avec Michel Garcia à Tilburg (NL), l'eau avait une composition bizarre, les résultats étaient plus noirâtres que normal.
Dans une de ses vidéos gratuites, Charlotte de chez Maiwa montre à quel point l'eau de distribution peut changer le résultat:
Je rajoute toujours soit de l'acide gallique en extrait, soit de vieilles infusettes de mes thés noirs, qui apportent une dose infime de tanins. Le ton est réputé mal tenir dans le temps, à l'inverse du lac (qu'on achète qu'en extrait ici en Europe). Les tanins aident à la résistance. Selon les tests de Michel Garcia, la résistance lumière est la meilleure de tous les mordants, pour la cochenille, si l'on pratique le monobain acide.
Pour teindre 200g, je prépare un bouillon de 2 litres, avec un nouet de nylon contenant 20g de cochenilles moulinées en fine poudre, sèches. Je cuis dans de l'eau douce, pendant 20 minutes. Je récupère le jus dans une autre casserole, je presse le nouet. Je refais cuire avec deux litres d'eau douce, 20 minutes. Souvent deux extractions suffisent. La 3ème donne un jus si clair que ça ne vaut pas la peine. Je réunis les deux extractions (soit 4 litres, parfois plus; on compte un rapport de 1:20 sec:eau minimum), sans le nouet, et je teins. Garder le nouet pose un souci; si l'on ne tourne pas en permanence, le contenu du nouet fait des taches sur l'écheveau. Je teins au minimum 30 minutes à 60°C, je laisse parfois toute la nuit ensuite.
La cochenille dégorge beaucoup après teinture. Rincer abondamment. Je ne gaspille pas d'eau, je rince en fin de session toutes les fibres dans le même grand seau de 10 litres. Je les lave après teinture aussi dans le même bain.
Je n'ai jamais testé la plupart des recettes avec insectes du rouge dans les livres récents de Dominique Cardon, car le ton dépend toujours d'un mordançage à l'étain.
Pour teindre un écheveau de 100g, je prépare un bouillon pour les 2 ou 3 extractions successives:
Pour le jeu, je réessaye un monobain acide à la Michel Garcia. Pour le jeu, car je ne vois strictement aucun souci à utiliser de l'alun, n''étant pas victime de cette curieuse épidémie de terreur sur le net que seules des naïves ou perverses peuvent propager.
J'ai préparé : 200g de laines lavées, non mordancées, 6 litres d'eau douce, le jus de 3 extractions de 15 minutes chacune de 20g de cochenilles , 20g d'acide citrique, 60 g de noix de galles (ce que je pensais être l'équivalent des 10g de gallique purs, dans la recette de Michel Garcia - je crois que c'est trop ou trop peu). Le pH est à 4. Bouillon doux, 60°C, pendant une heure, refroidi dans le bain.
Le ton diffère selon la provenance. J'ai eu du rose vers mauve avec une source, du rose fuchsia avec une autre: même mordant, même laine, même eau, pourtant. Testez donc chez vous, c'est la rengaine!
La recette de Michel en monobain acide:
Même recette pour garance, rhubarbe (tout anthraquinone) + noyer, orcanette, bidens.
Je feuillette régulièrement le livre de Karin Delaunay « Teintures Naturelles », très riche en recettes. Mais je ne m’y retrouve pas vraiment. Je suis dans le même cas de figure que lorsque j’ai appris à cuisiner à quarante ans. Tant de recettes détaillées, mais où est la plate-forme ? Que je puisse créer et surtout comprendre ce que je fais. Pour appréhender la façon de faire de cette artiste, j’ai résumé ses recettes en tableau, plus facile à capter en synthèse. Ça m’a pris une heure, mais c’est pas du temps perdu. Tableau à usage personnel. Commentaires et abréviations inutiles si vous avez le livre - ce qui est le cas, n’est-ce pas ? Il vaut l'achat. J’ai retenu de ce tableau que :
A droite de la photo, du coton
Le reste: des laines fines.
En haut de la photo, les laines vierges blanches (28/2 de chez Venne); en bas les laines grises ou sable (achat d'une fin d'atelier, aussi fines, 12 tours au cm)
Tout à gauche: aluné à 20%, sans CT, 10% PDF. Milieu: idem mais 5% PDF.
A droite: aluné 14% dans le bain de lessive (pour tester une économie d'eau et de chauffe: j'ai ajouté l'alun dans la casserole où je lavais les laines au liquide vaisselle, ça semble donner!)
Dans sa vidéo sur le poids de produits versus le poids des fibres (PDF) - soit "Weight of Fibre (WOF) with Natural Dyes", Charlotte de chez Maiwa montre une teinture à 6% de cochenilles. Je n'obtiens jamais ce ton-là avec ces doses-là. Donc: le refrain est de tester chez vous.
Chez Green-Ingrédients, je vois un effet de leur extrait 1.5% PDF sur mordant de titane 5%, dont j'aurais imaginé plus jaune. Superbe framboise vers prune:
L'indigo nuancera ce rose soutenu en superbe violet. La condition sine qua non: respecter les traditions des Anciens, c'est à dire d'abord teindre en indigo, puis mordancer, puis teindre en cochenille. J'ai fait le test rapidos lors d'un bain en cours, pour la démonstration. Sur coton et lin, tanin et AA:
à gauche du coton, moins bien pris la teinture de base (en bas), mais en haut on voit clairement l'effet tristounet d'un POST-bain d'indigo
à droite du lin, d'abord indigoté, puis tanin/AA, puis cochenille:un ton lumineux
Jenny Dean utilise jusqu'à 30% pdf de cochenilles. N'est-ce pas un peu excessif? Merci à elle pour cette photo, représentant les divers tons obtenus chez elle:
On peut faire une laque de la fin de bain, si le liquide n'est pas translucide, il reste un chouïa de couleur: on ajoute de l'alun et une base dans la fin de bain de colorant, ce qui fait se précipiter le colorant sur l'alun, en "flocons" .
Parfois je rajoute la fin de bain de cochenille à un bain de garance en cours, ce qui amène le ton de garance plus dans les rouges. Il ne faut alors pas oublier de bien rincer, car la cochenille dégorge.
BFL retordu sur soie du commerce, cochenille bain nr 1 10% mordançage 10% alun
BFL cochenille retordu sur soie très fine etc - le ton est plus violacé en réalité
soie teint en cochenille bain nr 2 - soie filée main, retordue sur soie du commerce blanche, tout
Pour fibres bien lavées, et mordancées. La teinture prendra sur des fibres non mordancées, mais le ton serait plus étouffé et la résistance à la lumière serait réduite dans le temps .
Timing: 30 minutes + le temps du refroidissement dans le bain. Si vous ne disposez pas de fibres déjà mordancées en série, évaluez 1 heure de mordançage au préalable.
Sur base d'une recette originale de Michel Garcia. On utilisera ici de l'extrait colorant de cochenille et de l'extrait de noix de galles de chêne. La recette originale inclut 15% de cochenilles brutes et 10% de noix de galles en poudre.
Timing: 45 minutes + refroidissement du bain. Evaluer le temps de trempage préalable des fibres. Ou systématiquement, laisser tremper les fibres la veille de la teinture.
Pour laines et soies non mordancées. En fil, ruban ou tissu.
Pour des pistes plus tutos, suivez l'une des vidéos de Michel Garcia chez Slowfiber - désormais en streaming 12€ location 48€ achat. Le producteur publie en bonus de très utiles notes de cours, qui contiennent par exemple des photos comme celle-ci, accompagnant la vidéo 2 "Colours of America":
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