Slow-dye

Teintures naturelles pour les curieuses et les flemmardes
  

Intro et motivations

27.12.24 Quelles sont mes motivations, quel est le contexte de l'écriture de ces résumés autour de la teinture végétale?




Infobésité sera le mot de l'année: en teintures naturelles comme dans tant d'autres domaines, on ne sait où donner de la tête tant les sources d'informations abondent, depuis le blog privé jusqu'aux formations en ligne, en passant par les livres papier. Je me sens une mission d'éducateur de rue du net, j'aime aider mes congénères à trier le bon grain des givrés ;)

Comme pour mes livres en nutrition, je serai attentive ici à ne pas répéter ce qui est connu. Sur le même principe, je propose un filtre de lecture: je reprends les fondements et je relaye des auteurs sur base des critères suivants, qui sont 1/ efficacité des teintures (tons denses si voulus, tenue dans le temps), 2/ écono-logie, 3/ rigueur des tests et de la reproductibilité et 4/ respect des fibres et du travail des artisans.

Qu'une copine s'amuse le week-end à faire du bundle dyeing dans son compost, ou à produire de l'encre à base de pétales de fleurs, encre qui va s'effacer rapidement, peu m'importe. Je souhaite préciser que je ne m'adresse pas aux touristes de la teinture, mais à ceux qui voudraient des résultats durables. Je suis moi-même une touriste dans certains domaines, et j'assume. Mes résumés ne sont conçus que dans un contexte plus pro.

Si vous aimez jouer avec les colorants naturels, sans espoir ou désir de durabilité, je vous invite à passer votre chemin, car vous ne seriez que déçus par mon approche un peu trop rationnelle.

Je pointerai ici les auteurs qui correspondent à mes critères pour l'apprentissage; et je commenterai une bibliographie assez vaste. Ceci sont mes notes d'atelier de hobbyiste, qui aime le travail bien fait et durable. Ne les prenez pas pour un cours, je n'ai pas écrit des tutos. Ce sont des notes pour des copains, en gros . Si vous voulez les infos tout à fait fiables, recherchez-les auprès des auteurs indiqués.

Je m'inspire en particulier des cours et des recettes de Michel Garcia bien que je lis d'autres auteurs. C'est lui qui me semble le plus pragmatique, c'est lui qui explique le mieux les bases accessibles aux profanes. J'aime en particulier qu'il cite toujours les sources auxquelles il s'abreuve (souvent anciennes) pour créer des procédés modernisés. Je n'ai pas de besoins professionnels comme lui, je peux donc être un peu plus souple que son approche très technique et précise.

2012 base

Mes motivations, le contexte

La teinture naturelle telle que je la connais à ce jour est grande consommatrice d’eau (pour le prélavage, pour le mordançage puis pour le bain de teinture, dix litres pour un bout de chiffon !) et peu écologique (on rejette dans la nature des produits agressifs ; on chauffe beaucoup). Je crois me rappeller qu'en industrie et artisanat on compte 150 à 200 litres d'eau par kilo teint (on arrive vite à un kilo...).

La pollution engendrée est minime si je la compare à l’usine de chlore voisine, mais c'est pas une raison.

Contrairement à d'autres teinturières "naturelles", je n'ai pas de souci avec l'alun ni les autres mordants; j'ai un souci avec les doses et l’état de l'eau qu'on consomme et qu'on rejette. 

Dans mon optique de hobbyiste, contexte "teinture minimale" sur le mode de la "cuisine minimale" que j'ai exposée dans mes livres de cuisine saine, il faut aussi que l'organisation soit souple, on teint quand on le sent, sans grandes préparations.

Et que ça ne coûte pas un pont. Si l'on achète des matières tinctoriales, on compte de 1 à 2,5 € de matières pour cent grammes de tissu à teindre (selon densité de couleur, selon fibres, etc.). Zéro si on glane (enfin, un tout tout petit peu pour l'alun le cas échéant).

Il faut tout de même envisager le prix de la chauffe et de l'eau.

Main d'oeuvre et espace réservé dans l'atelier: on n'est pas dans le cas de figure des artisans, on est ici plutôt en hobby ou en travail d'artiste, où l'on ne compte ni ses heures ni son espace.


J’ai voulu commencer la teinture végétale en 2008 après un stage avec l'exquise Valentine Donck. Je m’y suis remise en 2012 puis à nouveau cet été 2014, en recherche d'idées pour des solutions à cette problématique: gaspillage/prix qui m'avait freinée. Quelle cohérence y aurait-il à tanner la famille pour qu’ils contrôlent leur utilisation d’eau et à jeter tout ça moi-même ?

Quels gaspillages m’avaient freinée ? L’alibi d’un travail artistique ne me suffit pas pour me permettre le grand n’importe quoi écologique.

La technique classique consiste à (en italique les doses pour 500g de tissu, 5 tee shirts)

  • laver les textiles dans une lessive de savon et de cristaux de soude (les "décatir") pendant une à trois heures (Liles et Cardon) pour ôter toute trace de graisse (huile de coton, suint, p. ex.);
    15 litres d'eau, cristaux, savon, compter la chauffe
  • puis le rincer soigneusement (et allez hop! plein d'eau encore!)
    30 litres d'eau
  • puis mordancer ce tissu bien décati, à 80°C pendant une heure dans assez d’eau pour le couvrir, avec le mordant choisi; à laisser sécher une semaine au moins, un mois au mieux ;
    15 à 20 litres d'eau, le double pour rincer
  • puis pour certaines techniques (AA) fixer le tissu dans un bain de craie puis le rincer
    Certaines pratiques (voir Karin Delaunay: double alunage, double engallage par exemple) demandent quatre rinçages...
  • pendant qu'on extrait séparément le colorant en faisant bouillir la matière/ achetée ou cueillie pendant une heure, parfois plus à 90°C
    compter 15 litres d'eau + la chauffe
  • puis à faire frémir le tissu dans le jus obtenu de plantes pendant une heure à 80-90°C
    compter la chauffe
  • puis soigneusement le rincer jusqu'à ce que l'eau soit claire (des trombes d'eau parfois..)
    30 litres d'eau
  • puis le laver au savon doux
    peut être fait "en groupe", mais compter 15 litres d'eau

Comme c’est laborieux ! En imaginant que je veux teindre 500g de tissu et de fils pour la reliure ou des tableaux, on pourrait négocier sur ce qui suit.

Décatir - ma solution écologique. Soit utiliser des tissus de récup', déjà bien lavés mille et une fois. Défaut: taches possibles.

Soit je ferai simplement tremper , sans machine, sans chauffe, au soleil veranda ou sur un radiateur (en Belgique : de début octobre à fin avril…) - durée : deux jours pour évaluer (encore à tester)

Pas de chauffe, mais il faudra tout de même 15l d’eau et rinçage

Mordancer - Ma solution écologique: acétaalunage à la Michel Garcia. Ou, pour les laines et les soies, fermentations/macérations acides, qui ne demandent pas de mordançage (mais à tester encore).

Eau. En acétatalunage, le litrage ne dépend pas du métrage de tissu. Il ne faut pas rincer après l'alunage, mais bien sécher à coeur, puis tremper dans un bain de neutralisant (le même pour tous les tissus -> une casserole de 10 litres). Se fait à froid. On ne consomme de l'électricité que si on est pressé et qu'on veut sécher (sèche cheveux ou séchoir ménager).

Temps. Gourmand en temps, puisqu'il faut sécher à coeur et, mieux encore, laisser sécher de longues semaines.

Elec. Pas de chauffe nécessaire pour cet acétatalunage.

La chauffe systématique chez les teinturiers est soit un souvenir de production intensive soit un truc moderne pressé.

Je trouve confirmation chez Sandrine du forum de Tricofolk, tenturière émérite : « Sinon pour ce qui est du mordançage, j'ai commencé à faire des tests de mordançage à froid, et ce fut concluant : je met la dose de mordant, ma fibre, et je laisse tremper 2 jours. Je ne jette pas mon eau de mordançage, je m'en ressers pour la fois suivante. Autrement, la plupart du temps je ne fais plus chauffer mon bain de teinture très longtemps, voir pas du tout pour la gaude et la garance, et je chauffe fort mais pas longtemps pour le noyer et autres teintures taniques, mais par contre je laisse longtemps dans le bain. En fait chauffer ne fait, la plupart du temps, qu'accélérer le processus, à part peut-être pour la cochenille qui a vraiment besoin de haute température pour prendre (mais pas 1 h de cuisson, par contre). »

Extraction colorant - ma solution écologique. Si je ne macère/fermente pas, je réduirai le temps d'extraction:

a/ en extrayant d'abord le jus à l'extracteur (j’ai un appareil qui fait du jus de tout végétal, assez impressionnant, j’en profiterai) et en le chauffant à peine, je suppose que la longue chauffe sert à extraire les principes

b/ en amorçant la chauffe à 90°C dix minutes, puis en enveloppant comme une marmite norvégienne, et en laissant macérer quelques jours 

c/ en fabriquant un four solaire en carton   pour magnifier la teinture solaire

Teinture classique - ma solution écologique.

Teindre pendant qu'on extrait le colorant (en gardant la fibre dans un bas nylon ou un vieux rideau, pour éviter de devoir retirer les brins de feuilles après).

Ou teinture solaire (et variante hiver: sur le poêle à bois).

Ou aussi marmite norvégienne.

Solution écologique au dernier bain de savon. Je rince rapidement sous l'eau les tissus teints (pas "longtemps, jusqu'à ce que l'eau soit claire"), parfois tous les tissus d'une même journée dans le même grand seau.

Quand j'ai assez de fibres teintes, je les mets dans une casserole de 20 litres, remplie d'eau savonneuse (marseille). Je les laisse à chaud 15 minutes, tous ensemble. Pas de transferts de couleur jusqu'ici.

 Ai-je oublié quelque chose?  En tout cas, j'essaierai de trouver une solution pour ne pas arriver à la (triste) conclusion d'une teinturière pourtant orienté naturel, voir Marie des Soies


22.7.2014 Mes objectifs

J'ai commencé récemment des tests en teinture végétale, pour la reliure et les livres d'artiste entre autres et dans l'objectif d'écrire un livre sur le sujet.

J'utilise en reliure des fils de lin (que l'on ne trouve qu'en quelques tons, beiges bruns noirs).  Le Chinois vient de ressortir une collection, difficile à obtenir (ne répondent pas au mails sur internet).

Je travaille en tissu la soie, le coton ou le lin ou les mélanges.

Exemple d'utilisation: je voudrais travailler les couvertures de livres en pures teintures végétales
réalisation passée à base de bandes de tissus (chutes de couture, finies à la surjeteuse en fil polyester classique) et fil de lin reliure à gauche (ici coton de broderie acheté) </p>
reliure à gauche (ici coton de broderie acheté)

ou  le dos

ou encore, tissu encollé de papier: et dos:

<p></p>

Mes copines relieuses teignent leurs fils avec des teintures alimentaires ou des teintures pour cuir. Je voudrais "faire" ma teinture depuis le début.

Au début, en 2012, plutôt que la teinture par décoction/bouillon, j'ai privilégié les pistes  sur la teinture par macération ou fermentation.

Ces pistes sont peu énergivores et écono-logiques, mais toutes les infos pointent vers le fait que c'est super pour les fibres animales, mais  PAS pour le lin et le coton. Comment procéder? J’attends de judicieuses suggestions des spécialistes.

Pour le fil, je pourrais acheter chez Isatinctoria, qui pratique aussi la fermentation et propose de somptueux coloris, mais je n'ai jamais besoin d'une pelote entière. En outre, le fil de reliure doit être de lin pour la résistance (sauf en criss-cross), il est parfois très fin pour certains travaux.

 

Je travaille peu souvent, mais en volume µµ

 

rubans d'Herbalana (lainiers belges), diverses teintures fin juin 2015 - à droite rubans soie

 

 

laines Herbalana: diverses teintures fin juin 2015
- à gauche au milieu: cotons brocante teints et mordancés en bobine (bleurks)

Photos et illustrations

Quasi toutes les photos pointent vers leurs auteurs. Lorsque rien n'est indiqué, ce sont mes propres photos.

Par ailleurs, vous aurez observé je ne prends pas la peine de faire de belles et léchées photos des résultats colorés: les livres sur les teintures en regorgent, comme celui d'Aurélia Wolff, que je recenserai sous peu et qui est le plus beau sur le plan des photos, dans toute ma collection.

 

Produits bruts ou colorants

En teintures végétales, je partage des recettes à partir de produits bruts. Je n'utilise pas d'extraits végétaux. Ce n'est pas un choix politique, mais bien de goût personnel: je préfère voir les végétaux donner leurs couleurs en une forme de soupe. Lecteurs qui préférez les extraits colorants, c'est facile: suivez les recettes en omettant l'extraction maison.

Procédés perdus?

Mes copines aventurières de la teinture et moi même ne sommes pas de simples rebelles contre leurs Pères: "ah vous faites comme ça? Eh bien nous on fera comme çi, parce qu'on est plus malignes". On a largement dépassé l'adolescence. En fait, je crois qu'on cherche des procédés perdus, même si on ne le verbalise pas ainsi.

Parmi les procédés probablement perdus: est-il possible de teindre à froid ou quasi, sans chauffe extrême en tout cas - même la laine, dont on dit que la structure en écailles demande la chaleur pour s'ouvrir.

Depuis que je me suis attelée à cette voie en 2012, je pars du principe que les peuples anciens et premiers ne pouvaient se permettre de gaspiller tant de combustible s'il y avait une autre technique possible. Il faut avoir fait un stage de survie ou avoir vécu au sein d'une tribu première pour se rendre compte de ce que toute cette eau à chaufer coûte en énergie!

Depuis ces milliers d'année que les hommes teignent, parmi ces milliards d'humains, certains ont bien dû expérimenter et trouver des procédés peu énergivores. Mais.... on dirait que les historiens de la teinture ne se fient plus qu'aux auteurs du XIXe qui, par leur passion toute fraîche des procédés chimiques et industriels, pourraient bien avoir obscurci l'horizon.

Dans un relevé des techniques traditionnelles du peuple Meitei, au nord est de l'Inde ("Vegetable dyes used by the Meitei community of Manipur", dans le Indian Journal of Traditional Knowledge), on voit qu'une grande partie de leurs teintures se font à froid - en particulier pour les fleurs, ce que nous teinturières à froid de hobby avons déduit aussi de nos expériences.

J'ai cité dans un très récent billet la technique turque à l'ancienne de violet de garance à froid, par fermentation.

Sur sa page FB, Leentje van Hengel (NL) affiche une photo de velours teint en extrait colorant de garance - version classique (corail) et version à froid (rouge dense) - il faut lire attentivement le procédé, car le corail a été mordancé à chaud, le rouge à froid. Mordançage: tanin puis acétate d'alun. Or, si la chaleur importe peu pour les tanins, elle endommage l'acétate d'alun. Le résultat est donc normal: on abîme l'AA à chaud. C'est une erreur qu'on fait tous au début.

Dyeing the same silk/viscose velvet in 12 % madder extract with slow proces. Light colour was mordanted with 26 % gallnuts and alum and soda ash hot proces.  The deep colour was mordanted with 32 % gallnuts and then everything the same but cold process. Amazing how much stronger it dyes while saving energy....

Je ne cite pas ici les blogs qui pratiquent la fermentation à la Rieger, qui est une autre approche. Dans les teintures à froid ou quasi-froid, il se pourrait que la tenue lumière soit en outre meilleure. C'est ce que prétend Anne Rieger. Sans preuves... oh que j'aime pas ça... J'ai pu voir chez Isatinctoria près de Lyon des écheveaux de soie teints à froid, en méthode Rieger, exposés au soleil du midi depuis plusieurs années, selon elle. Superbes couleurs. Mais uniquement sur laine et pas sur les jaunes. Voir ma page sur mes propres tests. Voir l'interview de Michel Garcia sur la méthode Rieger.

J'ai gardé mes multiples petits échantillons de teinture Rieger acide/alcalin à froid dans des classeurs depuis 2012. Je les sors et je les exposerai à la lumière de Toulouse cet hiver, faute de patience pour attendre l'été et la belle lumière.

NB 4.12. Le 25 novembre, j'ai exposé au Sud quelques échantillons teints en curcuma par fermentation (au début, lorsque je suivais à la lettre la méthode Rieger). En quelques jours, la couleur pâlit déjà. Et on est au "soleil" de la Belgique fin novembre...

Chez Grackleandsun, je n'ai vu qu'un test, mais assez probant: ses tests lumière de phytolaque indiquent que la procédure à froid a maintenu le ton alors que les autres indiquaient la fugacité. Voir le billet.

Autres sources pour mes macérations en anglais: http://growingcolour.blogspot.be/ qui fait du solar dyeing long même en hiver, elle laisse les fibres parfois des mois dans les bocaux, ce qui revient à une macération longue

Voir aussi expériences de http://grackleandsun.wordpress.com/ : bain froid de phytolaque macéré deux mois en vinaigre (fibres trempées 9 jours).

Technique de garance à froid (cool dyeing) de Nest Rubio: anciennement relatée dans un article http://www.rugreview.com/13-3nest.htm, article hélas disparu. En gros: laine mordancée pendant des jours dans bain froid puis ajoutée dans un bain de teinture de garance acidifié - tests à 25 30 et 40°C.
Voir l'adaptation en détail, sur http://www.wildcolours.co.uk/html/madder_dye_nest_rubio.html (ajout de craie dans le bain). "L'alizarine n'est pas très soluble à des températures froides et se dissout lentement, d'où la longue durée de teinture" (ma traduction). Elle fait macérer à froid de la garance pendant 7 jours, ne l'acidifie - mais ça doit arriver sur 7 jours, évolution normale du vivant. Puis y trempe la laine mordancée humide. On ne sait combien de temps la fibre reste dans le bain, où la garance continue à donner sa couleur.

Fermentation ou solaire avec diverses plantes chez Leena de Riihivilla. La dernière http://riihivilla.blogspot.be/2014/07/fermentation-dyeing-kaymiskyypit-ja.html: avec du solidago (golden rod) . Elle a aussi adapté la technique de garance à froid de Rubio – voir http://riihivilla.blogspot.fi/2009/06/cold-dyeing-with-madder-krapin.html. Elle laisse fermenter le bain de garance 20-30°C pendant une semaine, fibres dedans . Elle ne précise pas si elle l'acidifie comme Rubio.

Les textes anciens indiquent que l'encre de phytolaque utilisée pour la Constitution américaine, bien conservée, était à base de baies fermentées - fermentation qui se fait souvent à froid.

NB 2020. J'ai appris chez Jenny Dean qu'on pouvait extraire la couleur, ou même teindre, en macération alcaline à froid.

Synergie des plantes

Quid de la synergie des plantes selon nos Anciens? Serait-ce aussi un procédé perdu?

Parlant résistance lumière, dans aucun des textes classiques ou anciens (enfin anciens du XIXe...), je n'ai vu qu'on interrogeait la synergie possible des teintures entre elles - et l'effet de cette synergie sur la tenue lumière ou la beauté de la couleur. Eleonore Moine affirme que teindre ensemble un couleur fugace avec une couleur stable lui donnerait plus de force, mais je n'ai pas ses sources ni ses expériences. Je lui fais confiance car c'est une femme intelligente, mais je vois qu'elle ne promeut plus que les teintures alimentaires. Serait-ce que ses procédés végétaux purs ne sont pas si efficaces? L'interviewer à ce sujet.

Dans le livre de Dambourney, il a testé des adjonctions pour maintenir la couleur du campêche, qui passe au brun avec le temps. Si l'on ajoute au bouillon de teinture del'écorce de bouleau ou de peuplier (précisément, car il ne cite pas les autres sources de tanin), la couleur devient stable. J'ai testé cette procédure pour mes teintures à froid cet été: la couleur ne passe pas, en effet.

Je suis très amateur de ces retours de terrain. Je viens de lire chez Madasilk que, par hasard, en testant de la teinture de rose de carthame pour une reconstitution historique, ce fameux superbe rose si fugace, elle a découvert que sur un pied de rocou et sur soie, il tient la distance. Alors que le rocou ne résiste pas non plus à la lumière vive. Deux sensibles qui font un fort, mais on dirait l'histoire d'un couple ma parole...


Voir son billet
: rocou et carthame + tests lumière. J'ai du carthame et du rocou en stock -> je teste de teindre de la soie maubère en rocou d'abord, puis en carthame.

Extraire le maximum de couleur

Autre procédé qui peut avoir été perdu: relance de bain de couleurs. Leena du blog Riihivilla a aussi observé que, lors de ses expériences de macérations, les bains qui semblent épuisés relancent de la couleur si on y laisse la matière source. Cela devait aussi être un atout pour nos aïeux, qui avaient autre chose à faire que passer leur dimanche à glaner des végétaux avec les enfants. Tirer le maximum de colorant d'une plante est une prouesse.

13.8.2014 Teinture au naturel ou teinture de regénération ?

La teinture regénérative, une autre forme de Recup'Art.

Au lieu que les légumes courent au compost, ils donnent d'abord leur teinture avant d'aller nourrir le compost. C'est y pas beau ça ?

Gardons toutes les infusettes de thé pour teindre en délicats tons orangés clairs. On peut aussi récupérer du marc de café au bar du coin, pour obtenir des roses taupés.

On peut demander au restau végé ou libanais voisin de garder les peaux d'avocats pour de subtils rosés (et les noyaux pour des mordants). Les fruits un peu flétris invendables, en saison (raisins, pommes, baies, etc.) seront gardés par le maraîcher.

Grâce à Catherine Piette, du restaurant Trop Bon, j'ai déjà plusieurs seaux de pleures d'oignons, bio qui plus est. Charmante, elle a même pris la peine de séparer les peaux jaunes et rouges dans des seaux différents. J'ai un premier bain de chou rouge en fermentation que je lui dois aussi ; ainsi que tout le bain de fermentation de citrons.

J'ai trouvé une vidéo de FR3 sur une styliste parisienne,  Aurélia Wolf (de Rosa Tapioca),  qui pratique de la même manière, en bouillon classique. Voir la vidéo sur  http://vimeo.com/47671821. Son associé ingénieur commercialisera sous peu un « récupère-couleurs » qui ressemble fort à une géante casserole en alu avec thermostat.  http://dye-lab.com/le-recupere-couleurs-work-in-progress/ J

'imagine qu'il y fixera un agitateur automatique ? J'aurais dû garder la saucière électrique de ma chère mère,  c'était la même chose en petit. Comme je fais des petits tests…


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